L’impact de l’eau dans la ville : "Urban Blue" is Good for You
Comme certains membres de [S]CITY, vous saisissez peut-être chaque opportunité pour vous éloigner de la ville afin de profiter du bord de mer, lézarder près d’un lac ou faire de la randonnée au fil d’une rivière. Ou alors, si vous êtes en ville, vous n’hésitez jamais à pique-niquer au bord d’un fleuve ou à bouquiner autour d’une fontaine… Pourquoi recherchons-nous tant la présence de l’eau ?
Les chercheurs Kistemann et Volker se sont intéressés aux vertus thérapeutiques des paysages aquatiques [1]. Les résultats sont édifiants, et rejoignent ceux de nombreux chercheurs en sciences cognitives qui s’intéressent à l’Urban Blue (en relation avec l’Urban Green – voir notre article sur la nature en ville), un champ d’étude relativement récent : la présence de l’eau, notamment en milieu urbain, contribue à une réduction du stress [2], une augmentation de l’activité physique et des interactions sociales, ainsi qu’à une amélioration générale du bien-être, notamment de la santé physique et mentale.
La qualité de vie urbaine repose-t-elle alors en partie sur le bien-être physique et psychique apporté par l’eau ? “Johannesburg is the largest city in the world not built on a river ! This is why we’re mad ! This is why the city is crazy ! We need water !”. Ce dialogue extrait de la pièce de théâtre Love, Crime and Johannesburg (1999) va dans le sens des résultats des recherches en sciences cognitives mesurant l’impact de la présence de l’eau sur notre bien-être psychique. Johannesburg, ville dans laquelle j’ai vécu et travaillé près de 5 ans, est en effet une des seules villes au monde qui n’ait pas été construite autour d’un cours d’eau majeur : ce sont plutôt les mines d’or qui ont été à l’origine du développement de la ville, fondée en 1886. L’eau, une des solutions pour améliorer le bien-être urbain et le lien social au sein d’une ville qui porte toujours les marques de l’apartheid ?
La présence de l’eau a également une valeur économique. Nous connaissons tous en effet le fameux supplément de la chambre avec « vue sur mer », mais des chercheurs ont montré que la valeur d’achat d’un logement en ville est supérieure d’environ 8 à 12% quand celui-ci dispose d’une vue sur l’eau [3]. Sans compter les revenus générés par l’activité touristique urbaine accrue autour des canaux, des fleuves et des rivières…
Pas étonnant alors que les politiques et projets d’aménagement urbains se soient orientés ces dernières années autour de la valorisation de leurs « waterfront », espaces en bord d’eau, du parc Berges de Seine à Paris à Hackney Wick à Londres, en passant par le très commercial V&A Waterfront à Cape Town. En cœur de ville, l’eau est aussi de plus en plus utilisée à des fins ludiques et artistiques (comme la Crown Fountain de Chicago). Ce qui n’empêche pas les aménagements aquatiques d’avoir un impact environnemental majeur, de la régulation de la température urbaine à la gestion des eaux de pluies.
Une question urgente puisque, en 2050, une centaine de villes à travers le monde pourraient manquer d’eau [4] . Cape Town compte en ce moment à nouveau les jours avant le « Day 0 » annuel, qui marque l’épuisement de ses ressources en eau. Quelles sont aujourd’hui les meilleures solutions d‘aménagement urbain autour de l’eau qui réussissent à maximiser autant ses bénéfices humains que son impact environnemental ? Avec [S]CITY, nous étudions en ce moment quelles réponses exemplaires pourraient être apportées à cette question essentielle au futur de nos villes.
Alice et la [S]CITeam