Les conflits d’usage en ville : Smartphone VS City
Qui n’a jamais eu l’impression de devoir slalomer entre des piétons absorbés par leur smartphone ? Les « smombies » (diminutif de « smartphone » et « zombie » popularisé en Allemagne) ont envahi les rues ces dernières années. Avec eux, un nombre croissant de chutes, de collisions et d’accidents causés par l’utilisation de leur téléphone. Quel est l’impact de l’utilisation des smartphones sur les espaces et les usages urbains ? Quelles sont les solutions et stratégies déployées par les villes pour condamner, ou au contraire s’adapter à ces nouvelles pratiques ?
SCITY s’est intéressé aux dernières études parues sur les conséquences de l’utilisation du smartphone par les piétons, qui mobilise à la fois leurs capacités :
- Visuelles, en réduisant leur champ de vision [1] ;
- Auditives, par les appels vocaux ou l’écoute de musique ;
- Motrices, avec une mobilisation du bras et un changement postural entraînant une réduction de l’équilibre et une marche altérée [2] ;
- Cognitives, avec une forte distraction, une attention réduite et une perception limitée de l’environnement [3].
La « chorégraphie urbaine » des grandes métropoles est ainsi bouleversée par l’utilisation croissante du smartphone. Les phénomènes de déviation des piétons de leur trajectoire [4], ainsi que de ralentissement et d’irrégularité de leur pas ont un impact direct sur les flux urbains. Mais ce sont aussi les règles non-écrites, les conventions sociales du partage de l’espace urbain et de la circulation piétonne en ville qui évoluent avec l’utilisation du téléphone : ralentir ou de s’écarter à l’approche d’une poussette, d’un jeune enfant, d’une personne âgée ou à mobilité réduite... L’échange de regard, si nécessaire à la construction du lien social et à la vie urbaine, est en effet bouleversé par l’utilisation du smartphone dans la rue. Or, selon le sociologue et philosophe Georg Simmel : « Qui ne regarde pas l’autre se dérobe vraiment, dans une certaine mesure, au regard d’autrui. L’être n’est en rien complet, aux yeux d’autrui, s’il n’y a pas eu échange de regards ».
C’est pourquoi certaines villes, dans une volonté de protection de leurs habitants, réglementent les conditions d’utilisation du smartphone. Honolulu a par exemple récemment adopté une loi interdisant aux piétons de traverser la rue avec leur téléphone à l’oreille ou à la main. D’autres ont au contraire fait le choix d’adapter leurs espaces : Augsburg est ainsi une des premières villes au monde à avoir intégré des feux de signalisation aux trottoirs. Des « Cellphone Lane », autoroutes piétonnes à deux voies, dont une réservée aux utilisateurs actifs de téléphone, ont été mises en place de manière plus ou moins temporaires par des villes comme Antwerp en Belgique ou Chonqing en Chine.
Avec [S]CITY, nous sommes convaincus que l’utilisation des smartphones en ville devrait être davantage analysée et de nouvelles solutions inventées pour prendre en compte ce nouveau phénomène dans la conception et la gestion des espaces urbains.
En attendant, nous vous livrons ci-dessous les quatre règles d’or pour ne pas vous transformer en Smombie :
Ne jamais traverser le portable à l'oreille ou à la main
S’arrêter et se mettre de côté pour passer un appel, consulter ses mails ou envoyer un message
Faire de la résistance : ne pas changer sa trajectoire à l’approche d’un smombie, en espérant qu’il s’arrête avant la collision. Vous lui sauverez peut-être la vie
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Alice et la [S]CITeam